À bord de l'IMOCA De Jérémie Beyou - Charal

La remontée au près risque d'être longue.

Jeudi 10 Septembre

15h30. Ça y’est, affalé de l’aperçu, le reste de l'équipe débarque, je rentre à l'intérieur du bateau pour ne pas gêner le skipper pendant la procédure.
Je le film, le suis dans chacun de ses gestes. Quelques secondes après le top départ annoncé par le comité à la VHF, je vois la plupart des concurrents dans notre sillage. Jeremie serre le point en guise de satisfaction entre deux tours de manivelle. Très bon départ pour Charal.

Nous prenons le large aux côtés d’adversaires dont nous n'avons pas l'habitude de naviguer. Nous sommes étonnés par les performances de l'Occitane et d’Arkéa Paprec.
Au fil des heures, je redécouvre la personnalité de Jérémie qu’il ne laisse paraître qu'en course. Aux aguets, le visage fermé, concentré. Ses yeux parcourent les concurrents sur l’eau, les écrans du bateau, la cartographie. Ses mains empoignent les cordages, les manivelles, les commande de pilote ou de quille.
Pas de répit pendant la nuit. C'est là où le vent sera le plus fort, où les changements de voiles seront les plus stratégiques.

Ce ne sont pas les conditions les plus extrêmes que nous avons rencontré sur Charal, loin de là. 20 à 22 noeuds de vent, le bateau accélère parfois à plus de 30 noeuds sur une mer quasiment plate. Du coup, pas besoin de ralentir pour aller manœuvrer à l’avant. J’accompagne Jérémie avec mon caisson étanche, me cale entre une voile matosse et une filière pour m'agenouiller et je cadre comme je peux, en essayant de ne pas trop boire la tasse. Éclairé uniquement par le feu de pont, il disparaît à l'avant en allant installer la galette de JO. Je repère quand même le petit halo lumineux de sa frontale sur le bout dehors.
Je le vois ressortir quelques seconde plus tard, je saute sur le côté pour ne pas gêner son retour au cockpit.

Vendredi 11 Septembre

14h locale.

Pas de nuages dans le ciel, juste un léger voile brumeux. Moins de 10 noeuds de vent, une mer calme avec une petite houle de face.
La remontée au près risque d'être longue.
Nous avons tous nos concurrents  principaux en visuel. Apivia devant, l’Occitane, Linked Out et Arkea sous le vent. Les différences de vitesse sont faibles, il va falloir être patient et avoir les nerfs solides

 

Gauthier Lebec