Interview Justine Mettraux : "Vite trouver mes marques en solitaire"
Deux tours du monde en deux ans… C’est le défi de taille qui attend Justine Mettraux. Déjà membre de l’équipe internationale 11th Hours Racing avec laquelle elle participera à l’Ocean Race à partir de janvier 2023, la Suissesse passe la vitesse supérieure. Avec son partenaire historique, TeamWork, qui l’accompagne depuis ses premiers pas en Mini 6.50, cette talentueuse navigatrice de 35 ans met le cap sur le Vendée Globe 2024. Dans cet objectif, elle peut compter sur l’écurie de Jérémie Beyou, BeYou Racing, mobilisée pour l’accompagner dans la prise en main de l’ex-Charal 1 et l’apprentissage rapide de la navigation en solitaire à bord d’un IMOCA très compétitif.
Comment s’est passée la reprise de Charal 1 ?
« J’ai été contactée par Beyou Racing qui m’a proposé de reprendre le bateau et de lancer un projet. Cela a mis un peu de temps à se mettre en place autour de TeamWork, mon partenaire historique. Je connaissais Jérémie de Dongfeng (équipage de Volvo Ocean Race 2017/18, ndlr) Tout s’est bien enchaîné avec la possibilité pour lui de courir le début de saison à bord de ce bateau, avant que je prenne la suite. Pour moi, cela vient comme l’aboutissement d’un apprentissage au long cours, à travers ma participation à la Volvo Race sur certaines étapes, puis quelques navigations en IMOCA à partir de 2020 avec 11th Hours Racing Team. Cela s’est fait petit à petit. Ces bateaux sont très exigeants, notamment physiquement. Il y a forcément du stress dû à la vitesse. Mais l’année dernière, j’ai vite trouvé mes marques en double. Cette année, il s’agit d’en faire de même en solitaire ! »
Deux tours du monde, deux équipes, deux bateaux, c’est un sacré programme…
« J’ai navigué avec Jérémie sur le début de saison dès la mise à l’eau du bateau, au mois de mars. J’ai bouclé ma qualification début avril, ce qui a ensuite laissé le temps à Jérémie de s’entraîner avant ses courses de début de saison pendant que, de mon côté, j’étais avec 11th Hours Racing Team. À partir de la fin juin, je suis repassée sur le projet TeamWork sur lequel je me consacre désormais à 100% jusqu’à la Route du Rhum. Ce qui permet aussi à 11th Racing Team de former une autre navigatrice, Francesca Clapcich, avec laquelle je vais partager les étapes sur l’Ocean Race. Le programme de cette saison 2022 est très chargé, mais j’ai la chance que tout s’enchaîne très bien. »
Et la prise en main du bateau ?
« La qualification, passage obligé, m’a permis de gagner une première expérience à bord. J’ai eu un super ressenti. J’ai trouvé le bateau assez similaire à ce que je connaissais, même s’il faut s’habituer à des réglages différents. Il me reste du travail, mais tout est facilité. En intégrant la structure de Jérémie, j’ai accès à toutes les données du bateau, à tous les niveaux : réglages, choix de voiles, ainsi que tous les chiffres sur les réflexions déjà menées. C’est vraiment un plus de pouvoir bénéficier à 100% de l’expérience et des connaissances de toute l’équipe. Cela me permet de progresser plus rapidement. 6/7 personnes travaillent sur mon projet, certaines à temps complet, d’autres de manière plus transversale. Simone Gaeta, ancien de DMG Mori, sister-ship de mon bateau, est boat captain. Je suis très bien entourée ! »
Comment s’organise la préparation de la Route du Rhum ?
« Tout démarre cet été. Julien Villion, très calé en météo, m’aide sur l’aspect performance. Dès la fin août, je vais intégrer Pôle Finistère Course au Large. Et je continue de m’entraîner avec Tanguy Leglatin, avec qui je travaille depuis mes années Mini. On n’a pas beaucoup de temps, il s’agit donc d’être efficace pour optimiser cette préparation, en s’entourant des bonnes personnes pour bien faire les choses. Le bateau est abouti, c’est un bel outil pour passer le maximum de temps possible sur l’eau avant le Défi Azimut, ma première course ! Au-delà de l’aspect sportif, les Runs et le Tour de Groix offrent toujours une belle opportunité de montrer et valoriser tout ce qu’on fait. On profitera peut-être de l'occasion pour embarquer des prospects et des éventuels sponsors qui voudraient se lancer dans l’aventure et rejoindre le projet. On cherche à boucler le budget. Il reste de la place et de la visibilité à prendre à l’arrière de la coque de TeamWork… »