On refait le match ?
Après une salve d’arrivées qui a redonné ses couleurs aux pontons de Lorient La Base, les équipages se restaurent, piquent une sieste et se projettent déjà sur la suite. Au gré des déclarations et observations, quelques réflexions d’après-course...
Voile de portant : le mystère APIVIA
Ils ont glissé plus vite que tout le monde et plus proche du vent arrière, la martingale de la navigation lorsque la marque à virer est pile dans l’axe. C’était le cas sur les 200 milles qui séparaient les marques 1 et 3 et lorsqu’on les lance sur le sujet, Charlie et Paul éludent, arguant que "le vent était favorable en tête de flotte". Bref, on a quand même peine à croire que le brillant tandem d’APIVIA n’a pas un truc… Le plan Verdier vainqueur avait-il une voile magique sur cette longue descente qui a rythmé la journée d’hier ? Spi sans doute, mais quelle forme, quelle géométrie, quels réglages ? Inutile de parcourir la banque images du mediaman, (très bien par ailleurs !) Une chose est sûre, APIVIA avait trop d’avance sur la flotte pour risquer d’être espionnés par la concurrence…
© C Favreau / Défi Azimut - Lorient Agglomération
Petit pépin + gros bateau = grosse emm….
Vu sur la carto : Que s’est-il passé hier soir sur LinkedOut lorsqu’il tourne sur lui-même en plein bord de portant et peine à reprendre le fil du bord ? Réponse ce matin au ponton par Morgan Lagravière : « Un spi s’est ouvert en morceaux, c’est le deuxième en deux semaines ! Nous avons dû nous arrêter une heure, face au vent, en travers de la route pour récupérer les morceaux dans les foils et la quille. Techniquement ça fait mal, Sportivement aussi. Il a fallu se re-mobiliser et retrouver de l’énergie pour repartir, ce qu’on a su bien faire ». Troisième à Lorient, LinkedOut n’a pas manqué de ressources sur la fin de parcours, bravo ! Sanction plus rude encore sur Fortinet-Best Western, mais elle n’engendre la mélancolie des skippers qui témoignent : « Juste avant le Way point 1, nous envoyons le J 1.5, c’est un grand génois amuré tout à l’étrave. Une demi heure après, un énorme « bang », l’axe de la cadène casse et le génois vole dans la grand voile et fait un trou d’un bon mètre… On passe sous J2 et on prépare le spi en se disant qu’il faut se refaire. Et en fin d’après midi, un autre bruit d’explosion, c’était le spi. Il a fallu récupérer tous les morceaux dans la quille, les foils, le bout dehors… La punition ! »
Moralité : le spi reste une voile potentiellement décisive en IMOCA, mais dans un vent irrégulier, le moindre pépin se paie cash. Vieux sage, Alain Gautier disait à son arrivée qu’ils avaient embarqué un vieux modèle en prévision sur MACSF.
Générations IMOCA
Tous les concurrents s’accordent à dire qu’APIVIA était au-dessus du lot pour ces 48 Heures. Mais force est de constater que les nouveaux foils d’11th Hour Racing Team-Alaka’i ont donné une seconde jeunesse à l’ex-Hugo Boss (2016) superbement mené par Si-Fi et Justine Mettraux. Que malgré sa place de sixième, ARKÉA PAPREC a toujours été dans le match pour le podium malgré des débuts difficiles l’an passé. Qu’Initiatives Cœur, plan de 2010 parfaitement upgradé, passe en troisième position la marque n°3… Il y avait du match intergénérationnel à tous les étages sur ces 48 Heures Azimut. Côté bateaux à dérives, Groupe APICIL s’est encore une fois offert les honneurs de la ligne de départ mais a peiné ensuite : « Nous avons essayé de jouer aux avant-postes tant que nous pouvions. Forcément les bateaux de dernière génération ont fait parlé la poudre, mais on s’est accroché et nous avons toujours cru pouvoir revenir. En tous cas, nous sommes vraiment éclatés » racontait Damien Seguin ce matin.
Ces 48 Heures ont été beaucoup plus compliquées pour Compagnie du Lit-Jiliti et La Mie Câline-Artisans Artipôle qui boxent clairement dans une autre catégorie. Attendus ce soir aux alentours de 21h00 à Lorient, ils pourraient accuser un retard de 15 heures sur la tête de flotte, plus du tiers du temps de course d’APIVIA…
© R Christol / Groupe APICIL / Défi Azimut - Lorient Agglomération
La mer, toujours !
« Au près ouvert, on progresse à plus de 20 nœuds contre la mer. C’est impossible de dormir et très compliqué de manger aussi » racontait Paul Meilhat ce matin dans le Live. Du haut de ses 30 ans d’expériences en 60 pieds, Alain Gautier confessait lui : « Dans la mer formée, ça tape trop pour dormir. Tu peux éventuellement te détendre en t’allongeant, mais s’endormir… » Une tentative que Tanguy Conq, le mediaman de CORUM L’Épargne, a faite la première nuit pour témoigner le lendemain : « Pas besoin de tourisme spatial pour connaître l’apesanteur, une bonne sieste sur un bord de reaching face à la houle à bord d’un foiler et c’est réglé. La première nuit, j’ai tellement sauté dans ma bannette qu’elle s’est arrachée à la coque du bateau. J’ai pu tester l’amorti sur l’avitaillement rangé à l’étage du dessous…» Sans commentaire...