Maître Coq Yannick Bestaven et Roland Jourdain

Elles sont trois femmes embarquées à bord des Imoca pour faire partager les sensations et images du bord. Ce matin, c'est Muriel sur Maître Coq qui lâche sa caméra pour prendre la plume.

A mes yeux, il y a eu un détail très important au passage de la marque Azimut 1: une lune rousse très bas sur l’horizon, que j’ai contemplé autant que possible avant la manœuvre, puis je la voyais minuscule dans mon tout petit écran de Go pro, mais toujours présente , alors que je filmais Yannick et Roland en train de matosser les voiles de pont. Bien sûr personne ne verra cette image comme elle est inscrite dans mon esprit, c’est ce qui fait le charme d’être là. Enfin je commence à comprendre ce que je fais ici... j’aurai aimé faire voler mon drone ce soir mais les conditions sont limites, et surtout nous sommes en course. 
Sur ce nouveau bord, au début je vis un rêve: le bateau file à 20 noeuds, et on a l’impression d’être sur mer plate. 
Cela ne dure que quelques minutes. A l’instant où j’écris ces mots, 00:39, la cascade est revenue...
Nous naviguons derrière Kevin Escoffier/PRB. Ils sont 6 miles devant nous, j’espère qu’on va les rattraper. Fabrice Amedeo est environ 2,5 miles derrière, lui même suivi par Thomas Ruyant.
J’ai filmé les séquences et capté les sons que je ramènerai à terre pour créer le clip de cette course, ma première en tant que mediaman, même si je suis une femme! :)
Il est 00 h 45, la vitesse est de 23,4noeuds cap au 320° et je vais essayer de trouver le repos sous un ciel aux mille étoiles ;)

...////

Ce matin, c'est Yannick qui veille au grain. La nuit s’est passé sans problème, il est allé tout droit devant, avec des pointes de vitesse à 30 noeuds ! Il arrive à glisser sous la trace du routage et exprime  qu' il en est content. Il me dit aussi que le bateau derrière eux dans l’axe, que l’on voit sur l’écran c’est Samantha Davies. Il dit qu’elle arrive mieux à glisser avec ses grands foils. Le nôtre de bateau a des foils de première génération. S’il permet de faire grimper le speedo à 28-30, le nez ne dégauge pas assez pour éviter d’aller s’envoyer sur la vague suivante avec un bon coup de frein qui nous fait redescendre vers les 22knts, 18 quand ça plante plus fort, sois dès différences de vitesse de l’ordre de 10 knots! Avec des cascades d’eau, toujours. J’arrive à trouver à m’agripper le creux des épaules calés sur les tubes d’une banette en hauteur, coude appuyés, pour me libérer les poignets et les pouces pour vous écrire. Mais imaginez être dans une voiture du Dakar lancé plein gaz et vous avez à peu près l’ambiance. Ça remue pas mal. 
J’ai normalement l’estomac bien accroché mais là je vous avoue que c’est limite. Pause obligatoire

Muriel Vandenbempt, à bord de Maître Coq IV