Le bord le plus long
Excellente résistance de 11th Hour et PRB qui ont peu concédé à Charal sur les 450 premiers milles de portant. Rien n’est joué avec un retour très tactique au près dans un vent oscillant. Belle remontée de Maître Coq dans le groupe de tête. Apicil, premier bateau à dérive dans le top five ! ETA prévue à 6 heures demain matin devant Lorient.
Les 48 heures ne sont pas les runs. Après les chronos qui ont permis d’établir une première hiérarchie des plateformes mercredi, l’épreuve du large consacre maintenant les machines les plus abouties et éprouvées. Premier IMOCA « volant » de l’histoire en 2018, Charal fait l’objet d’une rigoureuse mise au point depuis maintenant un an. 11th Hour (2ème) et PRB (3ème) sont rodés depuis longtemps. Leurs équipages débarquent certes en IMOCA mais sont aussi passés par la Volvo Ocean Race ou les grands multicoques, un background qui leur a permis de tirer tout de suite la quintessence de bateaux qui peuvent encore gagner. Maître Coq IV date de 2015 mais le très bon tandem Bestaven-Jourdain le connaît sur le bout des doigts. Initiatives cœur (6ème), l’un des IMOCA « refeatés » qui a le plus navigué cette année résiste bien, quand MACSF (8ème) et Advens for Cybersecurity (10ème) tout fraîchement mis à l’eau, suivent en retrait… Sans parler d’Arkea Paprec qui pointe au delà de la 15ème place et dont on découvrira peut-être à son arrivée pourquoi il n’a pas pu s’inviter au match …
Rien que de très logique donc ! Surtout après 24 heures de rodéo au reaching sous gennaker puis au portant sous grand spi à plus de 21 nœuds de moyenne. Les images des media men et women montrent que même sous le soleil, foncer à ces vitesses avec 3 tonnes de plomb accrochées sous la coque n’a rien d’anodin.
Après le portant, retour au près…
Et dans ces conditions musclées, force est de reconnaître que si Charal mène le bal depuis Groix, il n’a pas ridiculisé les générations précédentes. La prestation d’Apicil, toujours cinquième ce soir, permet aussi de relativiser. Formidablement mené par le tandem Seguin-Richomme, ce plan Finot-Conq datant de 2007 a retrouvé une seconde jeunesse.
A 160 milles de l’arrivée, la bataille bat son plein, d’autant que la route retour est semée d’embûches. Le vent qui doit souffler du Sud sur la fin du parcours a invité tous les concurrents à faire un contre bord d’une cinquantaine de milles dans cette direction avant de remettre le cap vers la maison. Un placement tactique dont ne tient pas compte la cartographie et qui a bouleversé les positions dans l’après-midi lorsque les premiers croisaient la route des retardataires encore en approche de la deuxième marque. Mais la hiérarchie n’a pas vraiment bougé mis à part le joli retour de Banque Populaire dans le top 10 ce soir. Charal contrôle toujours et semble même tirer bénéfice de son option Sud, la plus marquée de la flotte.
Au jeu des décalages, les écarts peuvent encore s’accroître ou se combler. Le petit minimum dépressionnaire qui remonte des côtes cantabriques canalise la route dans un étroit couloir et de faibles décalages en latitude pourraient générer des conditions assez variables cette nuit.
Si tout se passe comme sur les fichiers météo, que les concurrents vont encore décortiquer ce soir, les leaders devraient parer l’île de Groix (qu’ils doivent laisser à tribord) vers 6 heures. Dénouement de ces 665 milles menés tambour battant au lever du jour.
Dernière minute : Vers un monde sans Sida abandonne. Pas d’avarie ou de problème technique pour Erik Nigon qui a fait part de sa décision de rentrer directement à Lorient pour ses obligations associatives.