Haute volée
Superbe départ à 13 h00 aujourd’hui des 48 heures Azimut au large de Lorient. Charal toujours en tête ce soir après 90 milles de course à plus de 22 nœuds de moyenne. Des écarts déjà importants au sein d‘une flotte assez étalée.
Dans des conditions encore estivales, l’ambiance était détendue ce matin sur les pontons de Lorient La Base. Très peu de bricolage suite au tour de chauffe qu’ont constitué les runs d’hier, les 21 tandems accompagnés de leur media man ou woman partaient sereins pour les 48 heures Azimut. Chacun pouvait se concentrer sur son objectif car comme l’expliquait Fabrice Amédéo avant d’embarquer : « On sait depuis hier qu’il y a vraiment trois familles d’IMOCA. Les nouveaux foilers nous collent facilement 3 nœuds et en théorie les bateaux comme Newrest Art et Fenêtres qui date de 2015 va environ 3 nœuds plus vite que les modèles à dérive ». De son côté, Yoann Richomme (Apicil) semblait plus inquiet à l’idée d’arriver trop tard à Lorient samedi pour suivre le premier match du XV tricolore que sur l’issue du classement final au scratch ! « Avec Damien on va d’abord jouer notre groupe en essayant d’aller titiller quelques bateaux plus récents. Mais sur ce parcours, les derniers foilers vont nous coller une belle raclée ! ».
Foilers, les rois du golfe
Il faut dire que sur le triangle de 665 milles que constitue le parcours, près des deux tiers vont se jouer vent de travers ou au portant dans du vent soutenu. L’allure reine des foilers se trouve bien là, entre 90 et 130 ° du vent réel. Pas étonnant donc de voir que le plus abouti de la dernière génération, Charal, comptait déjà 6 à 8 milles d’avance après 60 milles de course sur ses meilleurs dauphins PRB et 11th Hour et plus de dix sur le peloton. Sur les quatre premières heures, le plan VPLP de Jérémie Beyou et Christopher Pratt a donc navigué 3 nœuds plus vite que le gros des troupes, excusez du peu.
Mais n’allez pas croire que les dés sont jetés ! « Il y aura des opportunités sur le parcours prévenait ce matin Sébastien Simon, skipper d’Arkéa Paprec qui pointe ce soir en quatrième position. Notamment des petites zones de molles sous l’influence d’une dépression orageuse qui pousse sur l’Espagne. Il va falloir être précis et effectuer les bons changements de voile au bon moment »
Une flotte très étalée
Et dans ce domaine, le superbe départ et le contournement de l’île de Groix montrait ô combien les places peuvent se gagner ou se perdre facilement aux vitesses où évoluent les IMOCA. Avec un départ « à l’anglaise » (au portant) où il fallait bien gérer le timing d’approche de la ligne - ce que firent parfaitement Banque Populaire X et Bureau Vallée II -, le choix de la bonne voile de portant était primordial. Ceux qui avaient choisi le grand gennaker étaient contraints de changer pour plus petit après l’empannage à la pointe de Pen Men, une manœuvre couteuse, même en double. A ce jeu, Charal gérait parfaitement son positionnement, loffant au dessus de toute la flotte sous petit gennaker, sans perdre une seconde après l’empannage. Grosse maîtrise également sur 11th Hour de Charlie Enright et Pascal Bidegorry qui pointe ce soir deuxième en remontant sérieusement sur le leader.
Mais la flotte est déjà étalée sur plus de 10 milles en latéral, et le classement joue au yoyo. Chacun cherche les meilleures veines pour soigner son angle de descente vers le way point 1, tout en sachant que le vent doit progressivement tourner vers le Sud Est.
Pilotage à haute vitesse, surveillance de l’adversaire et réglages incessants : Voilà le menu du soir pour les 21 tandems engagés. Premier verdict et hiérarchie au passage de la marque virtuelle, prévu un peu avant le lever du jour.