48 heures riches d’enseignements
Charal fait un sans faute et impose sa marque. Apicil salué par tous pour sa cinquième place, la meilleure d’un bateau à dérives. Un classement logique qui fait émerger les bateaux les plus éprouvés. Grosse marge de progression pour les nouveaux foilers…
Charal et Apicil, un cran au dessus :
Avec son œil malicieux, Jean Le Cam a le sens de la formule et sait faire tenir 48 heures en quelques mots : « Sur cette course, il y a deux super résultats : Charal qui a survolé les débats, et Apicil. Avec Nicolas, on est à une place, comme plein d’autres… »
Un peu abrupte, la synthèse n’est pas fausse. Charal sort grand vainqueur des 48 heures, en tête du début à la fin, sans même se retourner dans le dernier bord de près assez tactique pour contrôler ses concurrents. Le foiler ne vole peut-être pas 100% du temps dans la grosse brise qui a accompagné la flotte sur les deux premiers bords, mais sait parfaitement gérer sa capacité d’accélération pour garder la tête comme l’explique Pascal Bidégorry : « On a poussé très fort 11th Hour . Pendant que tu es à fond, tu sens que Charal gère. On les imagine plus cool à bord ! ». Kevin Escoffier de PRB pense de son côté que le vol donne à Charal plus de polyvalence « Leur aisance en vitesse leur permet de choisir leur trajectoire. Ils peuvent se permettre de naviguer sous toilé en cherchant d’autres angles que nous pour accélérer. Du coup, ils changent aussi moins de voile, ce qui coûte toujours cher sur ces bateaux ». (voir aussi l’itv de Jérémie Beyou et Christopher Pratt)
Côté bateau à dérives, Apicil a surpris tout son monde. Le plan Finot Conq 2007 mené par Damien Seguin (déjà 6ème à la Route du Rhum) et Yoann Richomme termine cinquième et naviguait clairement un cran au dessus au portant. Pour les intéressés néanmoins, « ce n’est pas une surprise. On savait qu’on avait la bonne voile pour faire cette première partie du parcours. On a tiré fort sans se mettre non plus dans le rouge. » commentait sobrement Damien Seguin sur les pontons à son arrivée.
Gros rythme et haut niveau
L’erreur ou la petite avarie, coûtait cher sur ces 48 heures. C’était vrai au portant quand les bateaux fonçaient à plus de 20 nœuds de moyenne. Ce le fut aussi cette nuit au près où il fallait trouver le bon dosage en latitude pour ne pas tomber dans la zone de pétole au Sud de la route. Une zone avec laquelle est allé flirter de trop près Apicil qui a vu Banque Populaire X revenir comme un boulet « Armel ne laisse rien passer et il a fallu s’arracher sur les réglages toute la nuit après notre petite erreur stratégique d’hier soir » concédait Yoann Richomme. Ce dernier bord a été fatal à plusieurs bateaux comme La Mie Câline qui perd cinq places en une nuit…
Certains s’avouaient à l’arrivée surpris par le très gros rythme tenu par les leaders. Yannick Bestaven qui hisse son Maitre Coq IV à la quatrième place reconnaît « avoir tiré très fort sur la machine. On a fait quelques plantés où tu redescends de 30 à 18 nœuds, il faut vraiment que les bateaux soient solides ! » Même satisfaction du coté de Samantha Davies qui expliquait « Si le vent avait été plus fort, il aurait fallu ralentir pour préserver le matériel. Là, pas du tout, et c’est rassurant de voir que le bateau tient quand on est à 100 % du potentiel. »
Et ce ne sont pas les media men qui vont démentir les skippers. Hommes et femmes de l’ombre dérushent ce soir leurs photos et vidéos en prévision du concours dont le prix sera décerné dimanche après le Tour de Groix. Et de l’avis de tous, la vie à bord des derniers IMOCA est un enfer !
L’importance des voiles
Le choix de la bonne voile d’avant sur une course qui s’est déroulée aux deux tiers au portant était essentiel. Certains ont multiplié les changements, toujours coûteux en énergie et en distance, quand d’autres comme Apicil ou 11th Hour ont fait toute la course avec le même « reacher ». Dans une mer très courte, la capacité à ne pas enfourner était primordiale et chacun tâtonne encore sur la combinaison idéale dans ces conditions. « L’idéal serait d’avoir à poste 2 galettes d’enrouleur. Une pour une voile en tête, l’autre pour le capelage. C’est trop important de pouvoir jongler facilement » expliquait Yannick Bestaven.
Les nouveaux foilers ont encore du boulot !
Côté nouveautés, la meilleure performance est à mettre à l’actif de MACSF, toujours dans le coup et qui termine à une belle huitième place malgré le temps d’entrainement très bref sur ce plan de 2007 transformé en foiler. Sur Advens for Cybersecurity, Thomas Ruyant et Antoine Koch ont longtemps été dans le top ten, et pour la troisième sortie du bateau dans ces conditions, c’est très satisfaisant. « On a une bonne job list pour tirer un peu plus sur le bateau. Il faut y aller step by step mais on a pris nos marques, testé plein de configurations de voiles. On ne s’attendait pas à pouvoir participer aussi pleinement à cette belle fête de l’IMOCA » s’enthousiasmait Thomas Ruyant à son retour.
La course a visiblement laissé un goût plus amer à Sébastien Simon sur Arkea Paprec. C’est l’aîné du bord qui prenait le micro et relativisait la 11ème place du plan Juan Kouyoumdjian : « On n’est pas parvenu à voler au vent arrière reconnaissait Vincent Riou. Pour voler, il faut que tout marche. Nous avons aussi fait de mauvais choix de voiles, nous n’avons peut-être pas été assez agressifs. Mais on a terminé le parcours, on va naviguer dimanche autour de Groix et c’est positif de ne pas avoir eu de gros pépin. »