Gros bobos et grands plaisirs : Les mots de Charlie, Pascal, Sam et Thomas à l’arrivée
Pour ces deux tandems qui complètent le podium, le plaisir d’arriver et d’avoir régaté toujours au contact du vainqueur compense visiblement le regret de ne pas avoir remporté ces 48 Heures Azimut. Morceaux choisis...
Il y avait aussi du soulagement du côté de Pascal Bidegorry (Macif Santé Prévoyance) qui dévoilait à l’arrivée ses blessures. Un doigt cassé dans une manoeuvre de changement de voiles et un choc violent à l’épaule dans un planté au portant. Tels sont les risques aujourd’hui sur les IMOCA menés à très haute vitesse par des marins pourtant rompus à l’exercice. Des contre-temps qui ont obligé Charlie Dalin à mener seul sur la fin de course son nouveau plan Verdier, premier entraînement en solitaire probant si l’on en juge par sa place à l’arrivée…
Du côté du tandem Goodchild-Ruyant qui se découvrait en course, la sérénité une certaine impression de facilité se dégageaient devant les micros, avec la satisfaction d’avoir confirmé après le podium du Fastnet qu’un IMOCA référent de la génération 2020 peut encore livrer de très belles batailles.
Charlie Dalin et Pascal Bidegorry, deuxième sur Macif Santé Prévoyance
Pascal : « Je me suis d’abord abîmé un doigt de la main en arrivant à Penmarc’h, quand on a voulu abattre pour rouler nos voiles. Ensuite, c’était sur le bord de portant. On a en enfourné à fond la caisse. J’étais coincé entre la bastaque des bouts, et la colonne avec un genou parterre. Je voulais aller voir au vent s’il y avait des grains, des risées ; si enfin on allait avoir du vent plus stable. J’ai traversé tout le cockpit, en passant par la porte de descente ouverte. J’ai tapé fort au niveau de la clavicule à l’intérieur du bateau ; la tête aussi, heureusement j’avais un casque. Je vais aller faire des radios à Quimper. Mais ça a l’air d’aller. J’ai pu tourner un peu les manivelles ce matin, histoire de me rassurer, même si j’ai été un peu surpris de la douleur. »
Charlie : « J’ai fait une petite journée en solitaire d’hier matin au lever du jour jusqu’au milieu de la nuit dernière. On a eu beaucoup de grains, c’était le thème de la course, du début à la fin, plus ou moins forts. Certains tronçons étaient très rapides, notamment le bord au vent de travers. On a fait de belles performances à ce moment-là. Au portant, on a manqué un peu de réussite, on a buté dans le silage d’un grains et Charal a réussi à s’insérer par dessous. Sur le bord de près, on a eu des bonnes de phases de vitesse aussi. On est contents de notre course. Elle a été intense et intéressante. A priori, tout va bien à bord du bateau. L’équipe a fait un contrôle rapide pour vérifier. Tout va bien, même si on a eu des phases où ça tapait fort. C’est de bon augure pour la suite. La structure a l’air d’être au niveau de ce qu’on attendait.
Pascal : « On a beaucoup progressé. Au près, on a fait des trucs qu’on n’avait pas fait il y a un mois. On a progressé dans les points faibles qu’on avait identifiés au début. Au portant, dans la brise dans la mer, on ne peut pas tout avoir d’un coup. Cela nécessite encore de retravailler. »
Sam Goodchild et Thomas Ruyant, troisièmes sur For The Planet
Sam : C’était la première navigation avec Thomas, on en avait souvent parlé et nous avons enfin eu l’occasion de le faire. C’était hyper positif, facile entre nous. Les choix, les prises de décisions, les discussions, tout était naturel. On s’est bien amusé sur ce parcours sympa avec pas mal de mer à jouer avec les trois quatre IMOCA de tête. Thomas connait le bateau par coeur et il n’a rien oublié depuis la Guadeloupe. C’est intéressant de voir comment il navigue.
Thomas : Des conditions super dures ? Non, je me suis régalé ! Ce sont des conditions que le bateau aime bien, il est optimisé et on sait jusqu’où on peut aller et le fait d’être deux est très agréable. J’avais un peu peur de pas retrouver mes marques et en fait je me suis vite remis dedans.On s’est bien compris avec Sam. Sans doute qu’il faudra renouveler l’expérience sur le nouveau bateau. Malgré les conditions instables, on a pu se comparer avec les nouveaux bateaux et c’est mieux d’être à bord que de regarder sur la carto, donc je remercie Sam de m’avoir invité. C’était intéressant de voir Charal, Macif et Paprec Arkéa dans ces conditions. C’est très riche d’enseignements
Sam : Paprec est revenu fort au portant d’assez loin, donc c’est rassurant pour le nouveau bateau de Thomas. Ensuite, bord à bord, on était agréablement surpris de tenir Macif. Charal était un peu au dessus. Mais For The Planet reste un très très bon bateau de portant.
Thomas : Les nouveaux bateaux peuvent faire la différence au large, ils gomment certains défauts comme le portant dans la mer. Charal est allé très vite. Paprec aussi. On a aussi tenu parce qu’on a bien navigué avec des bons choix de voiles aux bons moments et de belles manoeuvres. Evidemment, sur un segment de 150 milles, tu ne vois pas forcément le gap, mais sur des bords plus longs, c’est autre chose…