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Alors qu’en mer, les IMOCA affinent leurs réglages, les conférences sur le thème de l’évolution des voiles faisaient le plein à Lorient La Base. Organisées à la Cité de la voile Eric Tabarly, elles réunissaient comme c’est la tradition du vendredi lors de chaque Défi Azimut, d’excellents spécialistes pour décrypter les tendances en cours.

Avec à ses côtés Pierre-Antoine Morvan d’Incidences Sails, Matthieu Souben d’All Purpose et Willow Terrassier de North Sails, l’animateur Pierre-Yves Lautrou était bien entouré pour évoquer l’état de l’art des voiles de course au large pour la première conférence de cette matinée notamment consacrée aux innovations dans les garde-robes. Les trois intervenants détaillaient tour à tour les relations avec les teams, l’influence des grands foils et de la vitesse qui génère des voiles plus plates et de moins grande surface, les questions de confidentialité ou encore des retombées de ces recherche pour les autre séries ou la plaisance. 

Performance et confiance

Un débat très intéressant où la problématique spécifique d’une garde robe de Vendée Globe prenait une bonne place. Des gardes robes « où l’on note une certaine convergence en matière de surfaces et de forme rappelait Matthieu Souben, mais où les modes dégradés sont propres à chaque skipper et à son expérience ». La perte à la manoeuvre est telle sur un IMOCA que chaque skipper cherche des « recouvrements importants entre les voiles » confirmait Pierre Antoine Morvan, « pour limiter les changements et accepter de naviguer mal réglé ». Willow Terrassier reconnaissait elle aussi que sur la base d’un design proposé par North Sails, chaque solitaire « doit conserver une part de conviction dans ses voiles et avoir l’assurance que ses choix sont les bons ». 

Une notion de confiance qui interdit une année de Vendée Globe de tester de nouveaux produits. La sécurité est le maître-mot des voiliers pour cet exercice si particulier qu’est le tour du monde en solitaire où seulement sept voiles peuvent être embarquées. « Par rapport au dernier Vendée, les voiles sont d’ailleurs plutôt plus lourdes ! » glissait Pierre Antoine Morvan. « Il faut bien comprendre qu’elles sont martyrisées sur des bateaux dont les changements de vitesse sont constants et finalement, le poids influe beaucoup moins qu’avant sur la performance car les foilers gîtent nettement moins » confiait celui dont la voilerie équipe notamment Paprec Arkea et Biotherm.

Verdir sa garde robe

Avec seulement sept voiles à bord, les choix de garde robe au portant restent cornéliens pour les skippers et ça ne va pas s’arranger puisque la règle de classe prévoit une voile de moins à partir de l’an prochain. Les autres classes ne sont pas en reste :  Les voiles d’Ocean Fifty sont tamponnées pour trois ans, la Class40 limite à trois voiles exotiques le jeu d’un 40 pieds, l’IRC semble vouloir suivre le mouvement et les Minis, eux, tranchent dans le vif en réduisant le nombre de constructions, donc de facto celui des voiles… « Toutes les classes ont besoin de se réinventer et d’intégrer dans leur règlement l’impact carbone » constate Matthieu Souben, qui détaillait dans la conférence suivante le travail réalisé par All Purpose en collaboration avec la société CLM, leur fournisseur de membrane Trilam, sur l’intégration de fibres naturelles au composite. Baptisé Trilam Biotex, cette membrane testée dès 2021 en Figaro avec Adrien Hardy équipe entre autres aujourd’hui Damien Seguin pour la grand-voile de son Groupe Apicil. Incontestablement une voie d’avenir, encore limitée pour les voiles d’avant car les filatures transformant le lin cultivé en Normandie ne proposent pas encore de fibres aussi fines que nécessaire pour une voile de portant.

L’écoute de ces conférences qui seront disponibles à partir de la semaine prochaine sur le Blog Bretagne Sailing Valley, confirme bien l’effervescence d’un monde en mouvement, comme en témoignait en fin de matinée l’intervention d’Imogen Dinham Price. La responsable Développement durable de l’IMOCA détaillait la démarche menée par la classe en collaboration avec les cinq principales voileries équipant les 60 pieds autour de la notion de « green sail », avec un nouveau dispositif règlementaire plus ambitieux qui sera dévoilé en fin de mois et concernera les courses de l’après Vendée Globe 2024.