Défi Azimut - Lorient Agglomération : 48 heures d'orages et d'espoirs
Concentration, excitation, appréhension, ce matin sur les pontons de Lorient La Base et de Kernevel, tous ces sentiments se mélangent à l’heure de larguer les amarres ...
A retenir dans ce communiqué :
• 33 IMOCA au départ d’une course de 610 milles rassemblant le plus beau plateau jusqu’ici réuni en Bretagne Sud.
• Coup d’envoi réussi à 12h30 dans les courreaux de Groix. Ni rappel, ni accrochage.
• Les leaders au rendez-vous, et déjà des gros écarts à l’entame d’un parcours sous une météo menaçante.
• La goélette Tara, invitée d'honneur du Défi Azimut
Concentration, excitation, appréhension... Ce matin sur les pontons de Lorient La Base et de Kernevel, tous ces sentiments se mélangent à l’heure de larguer les amarres et de rejoindre la zone de départ dans les courreaux de Groix. Derrière la légendaire convivialité qui fait la marque de fabrique du Défi Azimut - Lorient Agglomération, il flotte dans l’air la solennité qui accompagne le début des confrontations sportives les plus attendues. Avec un plateau de 33 bateaux menés par 66 marins, dont certains cumulent parmi les plus solides palmarès de la course large, difficile de ne pas souligner les enjeux sportifs qui se dessinent à l’horizon du parcours de 610 milles au programme. À 12h30, les 48 Heures Azimut sont parties, et bien parties sous la menace d’une météo automnale qui ne rendra pas la partie facile.
« On a l’impression d’être aux grandes heures du Figaro, on se croirait presque au départ du Vendée Globe, il ne manque que 4 ou 5 bateaux. C’est une évolution super enrichissante et enivrante pour nous sportifs, de participer à cette montée en puissance », soulignait ce matin Yann Eliès, engagé à bord d’Arkéa Paprec l’un des derniers nés de la flotte. Et forcément l’un des bateaux à suivre, candidat à une place d’honneur. « On est là où on voulait être, dans le top 5 de l’IMOCA, on va essayer de préserver un peu ce statut, mais j’avoue qu’il y aura toute une courbe d’apprentissage lors de cette régate assez importante », confirmait à ses côtés Yoann Richomme, qui fait des débuts remarqués dans la classe.
Pression et impressions au ponton
Pour d'autres, ces 48 Heures Azimut, sur son parcours taillé pour donner lieu à une confrontation sous toutes les allures, est l’occasion de se jeter dans le grand bain de compétition à la sauce IMOCA. « Après la Solitaire, je suis content de changer de support », confiait Gaston Morvan au saut de cette grande première aux côtés de Giancarlo Pedote, de retour à bord de son bateau équipé de nouveaux grands foils. « Je vais essayer de lui apporter des petits tips de régatier. La météo ne va pas être facile. Il y a un peu de stress, mais j’ai la chance d’être aux côtés d’un marin expérimenté. À moi de montrer qu’il a fait un bon choix »,ajoutait celui qui vient de conclure une belle Solitaire en 4e position. Pour Violette Dorange (DeVenir), cette participation est celle d’un baptême du feu. « Ce matin j’étais un petit peu stressée, mais là sur le bateau, cela va mieux, je suis concentrée. À bord, je me sens bien et plutôt en sécurité. Je suis contente de partir avec Damien (Guillou) qui a une large expérience à partager »,indiquait cette navigatrice de 22 ans, qui progresse à toute vitesse avec le Vendée Globe en ligne de mire. Mais avant cette grande échéance planétaire, il est temps de rejoindre le plan d’eau pour sa toute première course à bord de son IMOCA, l’ex-Hubert et Jean Le Cam.
Rendez-vous dans les courreaux
En approche du départ, la flotte progresse sous un ciel de traîne mêlant timides éclaircies et nuages épais. Groix semble bouillir sous l’enclume d’un nimbostratus menaçant mais le vent est moins fort qu’annoncé. Au Sud, un gros grain que la flotte va pouvoir éviter annonce la couleur de ces 48 Heures Azimut. « On en aura beaucoup à gérer sur la course, ce sera vraiment le thème du parcours qui doit aussi nous offrir l’opportunité de naviguer bord à bord avec les autres. C’est aussi le moment de capitaliser sur cette confrontation directe pour trouver les bons réglages rapidement »,soulignait Charlie Dalin, le double vainqueur à battre du Défi Azimut qui débarque avec un MACIF Santé Prévoyance flambant neuf déjà très prometteur.
Le vent semble rester maniable ; et tour à tour, les foilers larguent les ris. C’est sous grand-voile haute et J2 que l’essentiel des leaders se présentent sur la ligne. Une ligne très longue qui permet aux plus expérimentés de ne pas se faire enfermer au bateau comité et de partir lancés. C’est le cas de Charal mené par le duo de choc Beyou-Cammas qui pointe en tête, suivi de près par Initiatives Cœur (Davies-Boutell) et Maître CoQ V (Bestaven-Pulvé). Plus au vent, Bureau Vallée (Beaudart-Comagnac) et Groupe Apicil (Seguin-Bourguès) foncent dans un mouchoir et sont dans le coup. Dans le camp des bateaux à dérives, qui progressent tous sous un ris, la palme du meilleur départ revient au binôme de Lazare (Le Turquais- De Navacelle), suivi de près par DeVenir (Dorange-Guillou).
Un départ technique
Si personne n’écope de la lourde pénalité d’une heure pour départ anticipé, ça chahute dans le second paquet et ceux qui ont voulu défendre à tout prix une position apparemment favorable en sont pour leurs frais. Comme souvent, il fallait être soit franchement en tête, soit dégagé sous le vent pour bien s’exprimer, d’autant que la brise irrégulière ajoute quelques coups de mous aux dévents des leaders et stoppe franchement la progression de certains. C’est finalement Initiatives Cœur qui tire le mieux son épingle du jeu et double en tête la cardinale des Chats, en mode match-racing avec l’autre bateau rouge vif, Groupe APICIL (Seguin-Bourguès) dans son tableau.
La houle monte d’un cran et ça se bouscule à la marque où pointent aux avant-postes For the Planet (Goodchild-Ruyant) et Maître CoQ V (Bestaven-Pulvé). Reste à savoir s’il faut déjà lofer vers le way point zéro ou se laisser glisser sous la flotte pour conserver de la vitesse. Parti en second rideau, Macif Santé Prévoyance choisit la deuxième option et se refait rapidement.
La cadence s’accélère et à l’heure où les semi-rigides et vedettes suiveuses rentrent à Lorient La Base, ça foile au près à plus de 15 nœuds chez les leaders. Toute la flotte file vers l’Ouest où les attend le Waypoint 1 distant de 100 milles et un bon passage de front à négocier en début de nuit. D’ici là, il va falloir parer dans les prochaines heures la pointe de Penmarc’h où le vent devrait prendre de la droite en fraîchissant. L’occasion d’un premier recalage et du pointage qui va avec.
A 15 heures, 10 milles séparaient déjà Charal de Human Immobilier (Cornic-Luro) ; et ce n’est qu’un début.
À ne pas rater demain :
Alors que la flotte des 48 Heures Azimut est rentrée de plain-pied en mode compétition, le Défi Azimut - Lorient Agglomération se prépare à accueillir une invitée de premier choix. Tara est attendue demain en soirée pour venir s’amarrer pendant trois jours au ponton de la Cité de la Voile - Éric Tabarly. Cette escale à domicile (Lorient est son port d’attache) dans le cadre de sa dernière expédition “Tara Europa” est l’occasion de mettre à l’honneur les activités de cette goélette armée pour mener des campagnes de recherches scientifiques ambitieuses.
Rendez-vous est donné demain à 20h dans le hangar Pen-Duick pour une conférence - “Nous avons tous une part d’Océan en nous”- ouverte à toutes et tous en fonction des places disponibles, qui rassemblera le skipper Thomas Coville et Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara. Cet échange sera animé par Pierre Marcel, réalisateur du film Tabarly.